dimanche 27 mai 2018

"A l'insu de nos lèvres", de Léon Bralda

"A l'insu de nos lèvres", de Léon Bralda, édité dans la collection Polder de la revue Décharge, et l'un des premiers textes publiés de son auteur, est résolument un recueil rétrospectif.

Le lecteur y traverse des souvenirs de l'enfance, c'est à dire, par exemple, de lieux, du père, de l'école.

Cette évocation continue m'a plu par l'ambiance suggérée d'un monde disparu, d'endroits propices au rêve.

Reviennent souvent à travers ces pages des "murs", prétextes comme nuls autres au travail de l'imagination. Sans doute cette autre casquette de l'auteur, Léon Bralda, qui est également peintre, joue t-elle dans le rendu des images.

En dépit, à mes yeux, de formules parfois grandiloquentes à mes yeux (le Vivre, le verbe, les Ô), j'ai aussi et surtout aimé la tenue de ces poèmes en prose, qui me rappelle d'autres écritures de plus en plus rares aujourd'hui.

Ainsi, la nostalgie d'une époque renvoie à la nostalgie d'un style.

Extrait de "A l'insu de nos lèvres", de Léon Bralda :

"Le mur avait dressé son manque de sommeil sur l'épiderme de nos rêves, laissant les cauchemars poindre au plus profond des draps. Nous écoutions la forge humaine qui martelait au fond du domicile...

Nous écoutions se faire les crevasses du vide en ces voix façonnés à coups de tempes et de pas. Nous entendions le froissement des mots contre la chair éparse des papiers peints. Et le mur infusait des relents de désastre et d'incompréhension pour une éternité sur les lèvres des fils."

La préface est de Chantal Dupuy-Dunier. L'illustration de couverture est de Lionel Balard, autre nom de l'auteur.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "A l'insu de nos lèvres", de Léon Bralda, qui est vendu au prix de 6 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.dechargelarevue.com/-La-collection-Polder-.html

samedi 26 mai 2018

"Grand Centre", de Leafar Izen


Il s'agit du premier roman, publié par les Éditions du Bord du Lot, de Leafar Izen, qui écrit par ailleurs des poèmes et qui a été publié dans le numéro 78 de "Traction-brabant".

"Grand Centre" est un roman d'anticipation qui se passe en France, aux alentours des années 2050. Le Grand centre est ce qui reste des grandes villes, la très grande majorité des humains (quelle que soit leur origine) ayant été rejetée dans les dépotoirs de ce qui pourrait s'appeler banlieue (en plus grave encore) et survivant sans aucune source de revenus officiels.

Les seules personnes qui relient le "Grand Centre" au reste du pays sont des marchands qui se comportent comme des dealers (de drogue) et se déplacent dans des véhicules myriapodes, appelés cloportes.

L'impression dominante laissée par ce roman est son côté sombre; même quand il se déroule le jour, on a l'impression qu'il se déroule la nuit.

L'histoire est celle d'une vengeance conduite par deux amis plus ou moins destroy. 

"Grand Centre" est un roman construit par bribes de séquences, où alternent des séquences temporelles différentes, des points de vue de personnages également différents, exprimés en direct ou par le truchement d'un dictaphone.

Il ne m'est pas possible de vous en dire plus, au risque d’abîmer le suspens.

En voici le tout début :

" En matière d'homicide, selon l'idée reçue, le plus difficile serait de tuer pour la première fois. "Ce n'est pas le souvenir que j'en garde" disait-il. Lui qui prélevait les existences avec la même indifférence qu'on éprouvait à cueillir un coquelicot le long d'un chemin de campagne, quand les printemps promettaient des étés radieux et qu'il existait encore des filles et des garçons assez insouciants pour prendre ces promesses au sérieux.
  Félix prétendait n'avoir rien ressenti de particulier au moment de mettre fin à la vie d'autrui. "Les images demeurent, mais mon esprit, au moment de presser la détente, paraissait s'absenter", m'avait-il affirmé.
  Il vous faisait l'effet d'un spectateur distrait, indifférent à sa propre fiction.
  Les souvenirs de cette époque n'avaient pas disparu, mais ils lui étaient devenus aussi étrangers que ces portraits de familles inconnues dont il fit longtemps collection. Et ce néant émotionnel m'étonnait davantage encore que les événements improbables qui jalonnent son existence."

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Grand Centre", de Leafar Izen, qui est vendu au prix de 17 €, rendez-vous sur le site de son éditeur : http://www.bordulot.fr/detail-grand-centre-355.html
Quant au site de l'auteur, en voici le lien : http://www.leafar-izen.com/

dimanche 13 mai 2018

"Les tweets du pinson et autres aléatoires", de Jean-Claude Touzeil


Les quelques poèmes de Jean-Claude Touzeil publiés dans ce livre par les Éditions Gros Textes, sous le titre de "Les tweets du pinson et autres aléatoires", sont apaisants de simplicité.

Occupés le plus souvent par l'enfance et la campagne, avec les animaux qui l'occupent, ces textes remettent les pieds sur terre au lecteur, tout en gardant la tête dans les nuages.

Avec quelques jeux de mots, des mises en situation humoristiques, ils vous montrent que le bonheur peut exister sans chichis, ici-bas, loin de l’immatérialité des écrans et des métaphysiques torturées et guerrières.

Extrait de : "Les tweets du pinson et autres aléatoires", de Jean-Claude Touzeil :

"Frères

Entre un filet d'accordéon
dans les quartiers sensibles
une bouffée de feuilles mortes
sous les pieds de l'enfance
et des copeaux d'utopie
le long des chemins de halage
nous sommes toujours en partance
pour des pays paisibles
où l'on cueille des étoiles

des pays sans limites
où les jardins sont des îles

des pays à bâtir
où les hommes sont frères"

La couverture et les pages intérieures de ce livre sont joliment illustrées par Yves Barré.

Si vous souhaitez en savoir plus sur "Les tweets du pinson et autres aléatoires", de Jean-Claude Touzeil, qui est vendu au prix de 7 €, contact sur le site de l'éditeur (Gros Textes) : https://sites.google.com/site/grostextes/