jeudi 24 août 2017

"¨Pong", de Jean-Christophe Belleveaux


Publié par les éditions de « La tête à l'envers », « Pong », de Jean-Christophe Belleveaux est un recueil de poèmes écrit « pour partie en hôpital psychiatrique », comme le précise la quatrième de couverture.

Le ton est celui de la confession : à la première personne du singulier. Et il est facile de comprendre que ces poèmes ont été écrits en hôpital psychiatrique, parfois, à cause de l'évocation du décor, mais aussi et surtout à cause de la démolition de toutes les certitudes et de la vacance qui émanent de ces textes, empreints de noirceur.

Ainsi, l'enjeu n'est pas l'extérieur (regard jeté sur l'institution psychiatrique) mais l'intérieur (regard jeté sur soi-même, qui n'est pas précisément tendre), même quand des objets familiers sont signalés.

Et l'autre enjeu est celui du style de Jean-Christophe Belleveaux, qui, quand il ajoute des mots, semble en retrancher.

En témoignent ces élans lyriques, rimbaldiens, vite raccourcis, biffés, qui laissent souvent place à des vers sans verbes et sont caractéristiques de l'écriture de leur auteur.

Extrait de "Pong", de Jean-Christophe Belleveaux :

« pire

je rêvai longs poèmes
adjectifs, titres insensés
plus encore qu'île au trésor
un fatras infernal et joli, des embarcadères, un désir

je rêvai l'accord parfait
la luxuriance, planches vermoulues
quoi ? La joie ?

Vrai, j'ai trop attendu
maintenant que soient
le sabre qui m'éventre
ou des parfums inconnus
n'est-il pas temps
de casser le piano du bastringue ?

Ah certes
les cerisiers en fleurs
la sérénité contre la peur
et ma bite dressée
bref »

L'illustration de la première de couverture est une peinture d'Amel Zmerli.

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Pong », de Jean-Christophe Belleveaux, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.editions-latetalenvers.com/

"A une absente", de Claire B. d'Azoulay

Éditée par « La Porte », cette plaquette de courts poèmes en vers m'a étonné par sa fraîcheur de ton et son ambiance de village parisien.

L'auteur évoque ici les souvenirs vécus avec son ancienne amante, sans que le passé appelle les larmes ou même la tristesse.

Ce recueil est à lire pour sa sincérité d'expression.

Ci-après, trois extraits de « A une absente », de Claire B. d'Azoulay :

« Ta chambre douce dans le dix-septième
Près du local à poubelles
Mais c'était bien toi la reine »

« Et le parquet
Qui ployait sous les livres
Et nos deux cœurs
Qui se déployaient libres. »

« Au ramassage de cailloux
Entre mer et falaise
Tu étais encore
Bien plus folle que moi »

Si vus souhaitez en savoir plus sur « A une absente », de Claire B d'Azoulay, qui est vendu au prix de 4 €, vous pouvez vous adresser à l'éditeur : Yves Perrine, 215 rue Moïse Bodhuin 02000 LAON.

samedi 12 août 2017

"Je t'écris fenêtres ouvertes", d'Isabelle Alentour


Publié par les éditions « La Boucherie littéraire », dans la collection « La feuille et le fusil », « Je t’écris fenêtres ouvertes », d’Isabelle Alentour, décrit, comme dans une symphonie classique en quatre mouvements, les divers états d’une vie intérieure (et extérieure) marquée par la rencontre, puis la séparation d’avec l’être aimé.

Dans ce livre, le lecteur retiendra avant tout la conscience de son propre corps, qui exprime l’amour, même dans la séparation.

Dans la dernière partie, la pensée de l’aimé va même jusqu’à faire revivre le monde autour.

Extrait de « Je t’écris fenêtres ouvertes », d’Isabelle Alentour :

« Mon cœur à travers la croisée qui rejoint les étoiles
Là où je te pense
Là où     nue
Je te découvre me                              manquant

Et mon bras sans penser qui s’élève et ce geste une main qui approche la peau sans savoir et ce doigt qui effleure d’abord comme s’il n’osait pas ne se souvenait pas et puis qui                             et ce doigt qui se pose sur la bouche et qui touche et qui glisse une lèvre la deuxième et savoure et puis caresse encore et ranime de loin de très loin souvenir enchanté

Le baiser »

Je signale également que ce livre comporte une couverture et un corps de texte tout bleus, qui ajoutent à la classe de l’ouvrage.

Pour en savoir plus sur « Je t’écris fenêtres ouvertes », d’Isabelle Alentour, qui est vendu au prix de 16,50 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur : http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

Ce livre est disponible sur commande dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre.

"Loin le seuil", de Fabrice Farre



Publié par les éditions de La Crypte, « Loin le seuil », de Fabrice Farre se compose de courts poèmes en vers libres, qui se transforment parfois en poèmes en prose.

En lisant ce recueil, j’ai l’impression d’assister à la projection d’un film surtout muet. Même si le « je » et le « nous » sont souvent ici présents, ils sont comme étrangers à eux-mêmes et regardent le monde défiler dans une vitrine.

Chez Fabrice Farre, c’est vraiment le sens de l’observation, extérieur, puis intérieur, qui l’emporte sur toute autre permanence des choses et des êtres. Et pourtant, derrière le spectacle qui se déroule sous les yeux de l’observateur, subsiste un regard humain.

Les poèmes de Fabrice Farre, dans leur brièveté, enferment tout un monde qui fait oublier que ces poèmes sont brefs.

Extrait de « Loin le seul », « Réel » :

« La porte s’ouvrira, comme la fenêtre avec le soleil, vous me donnerez à boire après avoir quitté votre chambre. Vous me direz, dans le désert de mes paroles, que je dois mourir de soif. Vous m’aurez salué au préalable, oui, sans vous inquiéter de ma présence ou de mon absence et vous m’aimerez autant que ce qui nous lie l’un à l’autre, à traverser ainsi les jours de lieu en lieu, de visage en visage, en parfaits voyageurs désargentés. »

Les poeysages d’Anael Chadli illustrent la première de couverture, ainsi que les pages intérieures des deux parties qui composent ce livre.

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Loin le seuil » de Fabrice Farre, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur : http://www.editionsdelacrypte.fr/

"Vivre c'est oublier qu'on est mort", de Fabrice Marzuolo


Publié par les éditions du Contentieux, « Vivre c’est oublier qu’on est mort », de Fabrice Marzuolo est une suite de poèmes en vers libres, qui comporte aussi quelques textes en prose.

Dans ses textes, l’auteur identifie avec exactitude – me semble-t-il – notre place dans la société d’aujourd’hui, celle des assis (de Rimbaud ?), qui sont prêts à gober tout ce qu’on tente de leur faire avaler : c’est la place des bons consommateurs (d'ailleurs, le titre de ce livre résume tout).

Partant de situations quotidiennes, de ce qu’il voit autour de lui ou la télé, Fabrice Marzuolo s’emploie inlassablement à nous désillusionner sur nos pouvoirs : il n’y a pas forcément du désespoir là-dedans, car la conclusion est invariable : on se fait toujours avoir, ce qui ne nous empêche pas de continuer à survivre.

La cible de Fabrice Marzuolo est aussi ces écritures trop certaines de leur confort, qui ne font que relayer notre situation d’esclaves, constat que je partage également. Car une écriture, ce n’est pas que des mots, c’est une vision du monde.

Enfin, dans la dernière partie du recueil, à travers des textes plus longs que les autres : « La conquête de l’espace » et « Immondicités », l’auteur résume ce qui est, pour lui, l’existence humaine : quelque chose de déjà fini dès que ça a commencé.

Net et précis, le style illustre ce propos. La chute des poèmes les ferme comme des sacs bien cousus.
Extrait de « Vivre c’est oublier qu’on est mort », « La danse de Jean-Baptiste » :

« Dans la voiture wagon
du RER système D pire
entre Paris et mourir
musique exotique à fond

que faire – demander de la mettre en sourdine
et dans cette Babel sur rails
provoquer la bagarre générale
à moins de subir – souffrir sa ruine
s’en accomoder
jusqu’à trouver l’ambiance géniale

par manque de tripes
se mettre à improviser une danse du ventre ».

L’illustration de couverture est de Pascal Ulrich.

Si vous souhaitez en savoir plus sur « Vivre c’est oublier qu’on est mort », de Fabrice Marzuolo, qui est vendu au prix de 10 €, contact de l’éditeur : romanrobert60@gmail.com

mardi 1 août 2017

"Encore plus nu", de Jean Azarel

Coédité par "Les Alpes vagabondes" et "Gros textes", "Encore plus nu" de Jean Azarel, est un recueil-programme.

Oscillant entre nostalgie d'une époque (les sixties et seventies) et révolte contre toutes les injustices de ce monde, on trouve dans ce livre pas mal de portraits de femmes libres (ou essayant de l'être), du sexe aussi, et une préférence, du côté de l'écriture, pour les listes, aphorismes, jeux de mots et quelques "private joke" entre auteurs, éditeurs, unis pour la circonstance dans un même poème.

Bref, de la poésie rock, plus chaude que froide, même si les situations décrites (comme celle ci-dessous), font parfois froid dans le dos.

Extrait de "Encore plus nu", de Jean Azarel :

""Road movie trip"

Assis à califourchon
sur la rambarde
de la voie rapide,
deux adolescents
aux vêtements élimés
s'embrassent
en pleurant.
Cheveux ébouriffés
sous un ciel
vanille fraise.
Sur la rambarde
de la voie rapide,
ils regardent
les yeux vitreux,
la langue noire,
la peau cloquée
qu'ils aimaient tant
caresser
de leur copine Sylvie,
étendue un genou plié
sur le bas-côté,
garrot desserré,
expression étonnée,
Bretelle de soutien-gorge
défaite
à portée de
la bretelle d'autoroute,
une seringue
au brouet rougeâtre
restée plantée
dans le bras gauche"

La photographie de couverture, intitulée sobrement "les pieds" est de PI.

Pour en savoir plus sur "Encore plus nu", de Jean Azarel, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site des Alpes Vagabondes : https://sites.google.com/site/lesalpesvagabondes/

"Streets (Loufoqueries citadines) ", d'Eric Dejaeger


Publié par les éditions Gros Textes, "Streets" d'Eric Dejaeger est une suite de 99 poèmes en vers qui décrivent les caractéristiques des rues contenues dans leurs noms.

Par exemple la Rue d'A côté, dans laquelle vont toutes celles et ceux qui n'ont pas envie de retourner au boulot.

Dans chaque poème, l'accent est mis sur l'humour de la situation, comme avec cette rue de Bruxelles, où tous les passants ont envie de pisser (comme le Manneken Pis).

Un recueil de textes bien senti, même si, je l'avoue, je n'aurais pas envie de me retrouver dans beaucoup de ces rues, ayant peur d'être pris dans des pièges implacables.

Extraits de "Streets" :

"67th street

Entre dix-sept heures
& dix-sept heures trente
il est conseillé
de se munir
d'un parapluie
ou de porter
un vêtement imperméable
pour entrer dans
la Rue aux Pots de Fleurs :
c'est le moment 
de l'arrosage."

Et :

"79th street

Seules les personnes
titulaires d'un doctorat
en sodomie
sont habilitées
à pénétrer dans
la Rue de l'Anus.
On n'y a
de mémoire de docteurs
jamais croisé
de femme."

Les illustrations (dont celle de couverture) sont de Jean-Paul Verstraeten.

Pour en savoir plus sur "Streets" d'Eric Dejager, qui est vendu au prix de 10 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : https://sites.google.com/site/grostextes/