lundi 22 février 2016

"Triptyque", de Marie-Anne Bruch


"Triptyque", de Marie-Anne Bruch, que vient d'éditer "5 sens éditions", est un livre anthologique réunissant 4 recueils différents par la forme, mais unis par le trait d'union de la sensibilité.
Ces quatre recueils sont : "Feue l'étincelle", "Plumes dans le vide", "Les frontières intérieures" et "Voix croisées" (ce dernier texte étant écrit en collaboration avec Denis Hamel).
Ainsi, alors que le premier recueil de ce volume est constitué de sonnets (rimés), les autres se composent de poèmes en vers libres ou de proses.
Je suis toujours de l'avis de ceux qui pensent que la voix de la poésie porte plus loin quand elle n'est pas avant tout un jeu formel et notamment lorsqu'un trop-plein de vie intérieure l'anime. Eh bien, c'est le cas ici, ce trop-plein générant des images et des raccourcis troublants, comme en témoigne par exemple ce texte :

"L'Enigme des choses

Dans chaque chose
il y a
une rose, un labyrinthe
et une porte.

Contrairement à ce qu'on pense
la porte n'est pas
au fond du labyrinthe.
La poésie semble montrer
que la rose
n'est pas très loin de la porte.

Il est difficile de cueillir la rose
sans désirer entrer
dans le labyrinthe.

Il est presque impossible
d'ouvrir la porte
sans avoir respiré la rose.

Dans ce poème
comme ailleurs
cherchez la porte."

Ma préférence - par contre, ce n'est pas original, surtout venant de moi, en tant que lecteur - va aux poèmes dans lesquels l'amour est malheureux, sans doute parce que dans ce cas, le poème parle de tout ce qui ne va pas dans le monde, et non plus simplement de l'être aimé.
En outre, l'écriture de Marie-Anne Bruch se coule parfaitement dans les sonnets, à la fois respectueux des règles de versification, mais aussi naturels dans leur expression :

"Ségur, 2001

J'habitais en ce temps un quartier morne et chic,
Mélange de bars lounge et d'échoppes désertes,
Des arbres projetaient leurs longues ombres vertes
Le long du boulevard à l'incessant trafic.

J'étais en couple alors et je coulais à-pic
Puisqu'aimer c'est souvent souffrir en pure perte,
Le chagrin m'épuisait et me rendait inerte,
Puis souffrir devenait une sorte de tic.

Nous passions chaque soir en querelles absconses,
Les mêmes arguments et les mêmes réponses
N'aboutissaient jamais qu'au même noir sommeil.

Tout le reste du jour, j'errais comme un fantôme
En mal d'amitié vraie, indifférente au dôme
Des Invalides, dont l'or brillait au soleil."


Pour vous procurer "Triptyque", de Marie-Anne Bruch, vendu au prix de 12 €, rendez-vous sur le site de l'éditeur : http://www.5senseditions.ch/

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