mercredi 9 juillet 2014

"Plein champ", de Robert Nédélec


Robert Nédélec n'est pas un débutant en poésie. Il a édité de nombreux recueils de poésie, parmi lesquels ce livre récent, intitulé "Plein Champ", édité par les éditions Aspect.

Dans ce recueil, je retrouve (et peux le regretter) les mêmes caractères formels que dans plusieurs recueils précédemment publiés. Mais il faut reconnaître que ça fonctionne toujours très bien.

Ainsi, chacun des textes de "Plein champ" est composé d'une série de versets, entre poème et prose, chaque court paragraphe étant relié au suivant par un signe de ponctuation (virgule), ou tout simplement par le vide.

Et le lecteur devine, à travers ces paragraphes, la respiration de cette poésie, ce souffle, qui peut être qualifié d'ample, ce qui est assez rare dans la poésie d'aujourd'hui. Et c'est cette respiration qui donne sa beauté au poème. Le luxe des images, également, y contribue. Sachant qu'image ne signifie pas obligatoirement métaphore, car l'auteur ne fait que décrire minutieusement ce qu'il voit, ou ce qu'il imagine voir.

Quant au contenu de "Plein champ", et sans rentrer dans les détails, il me rappelle une ambiance déjà lue chez cet auteur. Mais j'aime ça. Ses poèmes donnent toujours l'impression d'explorer un village, une maison désertés de ses habitants. Et j'aime beaucoup l'aspect fantomatique des apparitions humaines dans ces poèmes qui finissent par se situer hors du temps.

Bref, c'est du bien bel ouvrage !

En voilà un exemple (parmi tant d'autres) :

 

"La chambre

 

     Rien n'a changé depuis qu'ils ont disparu, emmenant avec eux le désir et la peur, ceux-là qu'ils s'apostrophaient autrefois d'une haie à l'autre, se cognaient la tête

     Aux branches basses, et saignaient des heures, allongés au bord des matins sans neige. On a convoqué la foudre pourtant, comme pour pallier l'absence,

     Et réduit en cendres tout ce bric-à-brac accumulé dans les placards, parmi les balais et les poudres, dans le fol espoir d'évoquer les morts,

     Et l'on a parfait ces dessins de bouches dont d'autres avaient couvert les miroirs. Depuis qu'ils ont fui, ceux-là qui serraient le cri dans leurs mains,

     Le même homme seul marche sans lumière, se dresse ou se tasse, selon la saison, et rêve, le lâche, quand il se regarde en face et blêmit,

     De changer la vie - le même homme tremble, mais comment savoir qu'il s'agit de soi quand, de dehors, il semble qu'il n'y ait personne dans la chambre".

Pour vous procurer ce livre, vendu au prix de 13 €, vous pouvez aller faire un tour sur le blog des éditions Aspect, http://nancy.aspect.editions.over-blog.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire