mercredi 1 octobre 2014

"Nuages", de Boris Wolowiec




C'est un drôle de recueil pour les non-initiés. Mais finalement, pas tant que ça. Il ne faudrait d'ailleurs pas confondre "nuages" et "les nuages", même si apparaît en début de phrases le groupe de mots "Les nuages".
Car "Nuages" ne renvoie pas uniquement à la météorologie. En même temps, c'est un thème poétique par excellence, que celui de "nuages". Complètement hors du temps et pas engagé pour un sou, si l'on peut encore parler de politique humaine aujourd'hui (là, je taquine un peu !).
Pour en revenir à nos moutons - de possibles nuages ! - "Nuages" est une vaste tentative de définition métaphorique... des nuages ! 
Il ne s'agit pas de tautologie non plus. Hormis la liste qui introduit le recueil, sa construction est caractérisée par une succession de phrases parallèles qui, lorsqu'elles appartiennent à un même ensemble, se caractérisent par des renchérissements successifs autour du pivot sujet verbe complément.
En effet, l'auteur rajoute ou remplace dans la phrase suivante un mot et complète ainsi la phrase précédente, ce qui crée un effet d'amplification de la vérité de plus en plus appuyé, avant de repartir sur un nouveau front d'écriture, un nouveau domaine de progression par nappes. A noter d'ailleurs que dans ce jeu, rien n'est totalement systématique.
Ce que j'ai beaucoup aimé dans "Nuages", c'est l'inventivité, voire la virtuosité de Boris Wolowiec, en terme d'ajouts successifs.
Une telle écriture me semble également typique de celle qui se déploie sur un écran d'ordinateur par la reproduction en "copier coller" de l'ossature de la phrase.
Après, ne serait-il pas possible de remplacer, finalement, "les nuages" par un autre mot appartenant au même champ lexical, voire, à un autre ? 
Je vous laisse juges de la réponse car finalement, si la vérité est relative, elle est bien aussi absolue.
Ci-dessous un court extrait du recueil :
"Les nuages dénudent l'immobilité. Les nuages dénudent l'absorption de l'immobilité.
Les nuages dénudent la transhumance du ciel. Les nuages dénudent la transhumance du ciel avec des équilibres d'aveuglement.
Les nuages dénudent le bonjour du ciel. Les nuages dénudent le bonjour du silence du ciel.
Les nuages dénudent la trajectoire d'équilibre du ciel. Les nuages absorbent la dénudation du silence du ciel.
Les nuages dénudent les métamorphoses d'habitude de l'espace. Les nuages dénudent les métamorphoses d'attente magnanime, magnanime monotone inconnue de l'espace.
Les nuages dénudent les métamorphoses d'amnésie du ciel.
Les nuages dénudent la masse d'inouï de l'amnésie. Les nuages dénudent la masse d'amnésie du hors-tout. Les nuages dénudent la masse de vide magnanime du hors-tout. Les nuages dénudent la masse d'orgie amnésique, magnanime amnésique innocente du hors-tout".
Pour se procurer "Nuages", recueil vendu au prix de 10 €, vous pouvez écrire au Cadran Ligné, Le Mayne, 19700 Saint Clément.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire