mercredi 24 juillet 2013

"En train de dérailler", de Jany Pineau




Ces quelques poèmes de Jany Pineau sont publiés dans une nouvelle collection lancée début 2013 par les éditions Asphodèle, intitulée "Confettis", et qui compte également des poèmes de Thomas Vinau, Pierre Soletti, Cathy Garcia et Marlène Tissot.
Comme le titre le montre quelque peu mais pas complètement, "En train de dérailler" raconte un voyage en train, je dirai même plutôt en TER ! Mais ce voyage n'a rien de tragique, malgré les événements récents. Il y a juste quelques pincements au coeur, l'auteur accordant son attention à tout ce qui se passe autour d'elle et le traduisant très bien. Il y a ce que l'on voit, mais également ce que l'on entend et cela, c'est moins souvent décrit. Et il s'en passe des choses, y compris dans un Omnibus ! En fin de compte, cette situation crée, comme qui dirait, des interactions entre soi et les autres et les choses...
Un texte donc, pour vous mettre dans l'ambiance :
 
"Vite fait
Etre dans le wagon. Regarder par la fenêtre. Se laisser happer, mentalement, par le train fonçant à contresens du tien. Juste pour voir ce que cela ferait, peut-être. Là c'est violent, c'est bruyant, c'est définitif. Plus rien. C'est bien. C'est rapide. Puis renaître dans le vert flou des champs. Contempler les barrières qui s'effacent les unes après les autres. Penser. Se dire qu'on a payé pour cette petite mort provisioire. Que la vraie pourrait être gratuite. Préférer encore payer le train."
Pour vous procurer ce confetti, il vous en coûtera 2 €, l'occasion d'acheter tous les autres.
Contact : Asphodele-edition@orange.fr et http://asphodele-edition.pagesperso-orange.fr/
 

mardi 23 juillet 2013

"Aux confins du printemps", de Marie-Françoise Ghesquier-Di Fraja



Le titre de ce premier recueil (mais certainement pas le dernier) publié par l'auteur, "Aux confins du printemps", résume bien l'ensemble des 17 poèmes publiés ici.

S'il ne s'était agi que de printemps, j'aurais moins apprécié ces textes. Cependant, les confins du printemps ont pour effet de nous ramener dare-dare vers une vision plus concrète de la nature, plus organique aussi.

Et le lecteur se retrouve d'emblée dans l'épaisseur des choses, avec ces messagers de la nature que constituent les oiseaux, les fleurs et les arbres. On trouve pèle-mêle et par exemple un oiseau blessé, des forsythias ou un paon inquiets, ou bien les fleurs appellent l'humus, étant très près de la terre, comme si l'auteur voyait les végétaux avec une loupe. Même les arbres souffrent en silence, comme partagés par l'ambiguïté des saisons.

Ainsi, cette vision en demi-teinte de la nature, dont Marie-Françoise Ghesquier-di Fraja saisit les moindres nuances, m'a paru proche de la réalité, et c'est ce qui fait la caractéristique, sinon la force, de ces poèmes.

Un extrait ci-après :


"Fleurs peintes

comme autant de solitudes

émaillées au pied des arbres.


Les mots écaillés

se tiennent en retrait

à la lisière des rumeurs,

en équilibre sur l'obscur tranchant.


Fleurs funambules

sur une ligne entre ombre

et soleil.

Mince d'espoir."


A signaler que le recueil est fait à 100% par des femmes (si l'on excepte tout de même l'éditeur qui est Michel Cosem), avec une présentation de l'auteur par Colette Andriot en 4e de couverture, et une illustration de Cathy Garcia à la une.

Pour vous procurer "Aux confins du printemps", qui est vendu au prix de 6,10 €, vous pouvez écrire à Michel Cosem, 2 allée des Allobroges 31770 COLOMIERS.

"Je est un peintre", de Jacques Cauda




Une fois n'est pas coutume. Pour une fois, c'est un peintre qui écrit de la poésie. Je veux dire par là qu'il ne s'agit pas d'un poète qui utilise des images visuelles. Pour moi, il y a une différence de taille dans le résultat obtenu.

Ce recueil dégage une joie de vivre qui n'est pas feinte, assagie. C'est qu'à travers les choses décrites, perce avant tout la lumière.

Il y a dans ces poèmes l'œuvre d'un magicien, au sens trivial du terme. Le lecteur sent que ce qui est décrit ne préexiste pas au pinceau du peintre. Les visuels sortent des mots comme la peinture d'un pinceau.

Mes préférences vont assez nettement aux deux premières parties de recueil intitulées "Je" (l'invention d'un monde ci-dessus décrit) et "Je est" (récit voyeur à la plage).

Dans la dernière partie, "Je est un peintre", vous avez tout de même la possibilité de vous amuser en comptant le nombre de fois que le verbe peindre est employé dans la suite des 5 poèmes rimés. C'est bien sûr volontaire de la part de l'auteur et cela semble faire partie d'un jeu auquel Jacques Cauda nous incite à participer.

Un poème pour la route :

"Je peins des fleurs
aux dires
de ma bouche
Je peins des bêtes
en témoignage
Je peins des femmes
en tireur armé
En tout cela
je peins
jusqu'au saccage
le modèle
tombé
dans le noir
de mes mains
En tout cela
je me réjouis"

Pour vous procurer "Je est un peintre" (vendu au prix de 11,90 €), allez rendre visite au site de l'éditeur http://www.jacquesflament-editions.com, ou contactez l'auteur : caudajacques@yahoo.fr

jeudi 11 juillet 2013

"Disparaître", d'Etienne Ruhaud




Comment s'en sortir quand on est célibataire, que l'on vient de perdre son emploi, même précaire, et que l'on vit seul en région parisienne ? Renaud est le personnage principal du premier roman d'Etienne Ruhaud, qui se trouve confronté à cette problématique du pire.
Si cela continue comme ça, d'ailleurs, nous allons assister à la naissance d'un nouveau genre littéraire, comme une sorte de roman d'apprentissage à l'envers. La faute à notre société et surtout à ses décideurs, qui savent très bien s'occuper de la jeunesse, en pensant d'abord à eux-mêmes ! Ainsi, sans le vouloir, "Disparaître" peut être vu comme une oeuvre engagée dans une dénonciation, même a minima, de ces ravages sociaux.
Ici, la réponse à la question de la survie en milieu urbain tient dans un seul mot : disparaître, qui donne le titre du roman.
Mais je ne peux vous en révéler davantage, auquel cas ce texte n'aurait plus de mystère pour vous.
J'ai en tout cas beaucoup aimé "Disparaître" pour plusieurs raisons : d'abord, l'excellente connaissance et description des paysages urbains, qui ne se limitent pas aux seuls immeubles et rues qui les desservent, mais également à moult friches industrielles ou immobilières situées au milieu de nulle part...
Ensuite, l'auteur sait très bien rendre la solitude en milieu urbain, quelque chose de profondément déshumanisé, où seules les pensées ont encore une consistance humaine.
Enfin, le style de l'auteur, qui reste dans la retenue, ajoute encore à la crédibilité du chemin de croix de Renaud.
Ainsi, "Disparaître" constitue une description fidèle des conditions de vie d'aujourd'hui, entre réussite scolaire et faillite sociale, à laquelle est trop souvent destinée notre génération perdue.
Pour en savoir plus sur ce livre, vendu au prix de 13 €, vous pouvez vous renseigner sur le site de son nouvel éditeur basé dans la région parisienne, Unicité, http://www.editions-unicite.com/, dont le mail est editionsunicite@laposte.net

mercredi 3 juillet 2013

"Topologie d'une diaclase", de Marc Tison




Je viens de recevoir ces 2 minces opuscules d'à peu près 10 cm X 14 et il me semble urgent d'en parler, tant leur contenu s'inscrit lui aussi dans l'urgence de l'actualité, allant à l'encontre de ce qui s'écrit ou se dit chez les intellectuels de salons (plus ou moins propres) que nous sommes bien un peu souvent tous devenus.

En effet, avec ces 2 textes aux titres difficiles à dire, à écrire et encore plus à vivre ("Désindustrialisation" et "Topologie d'une diaclase", au fait, "diaclase", c'est, bien sûr, une fissure de petite taille affectant les roches, mais sans déplacement des deux compartiments), Marc Tison choisit délibérément des thèmes sociaux ou de révolte, voire de rébellion contre l'uniformité de nos modes de vie, contre notre société de consommation et surtout contre la mainmise de l'économique sur l'humain.

Si la réalité décrite n'est pas amusante, c'est bien de la nôtre qu'il s'agit, et le ton employé est, quant à lui, réjouissant, car on sent que l'auteur refuse de baisser les bras.

Il y a là dedans d'ailleurs un véritable appel à la jeunesse de l'âme qui ne rime pas avec stupidité, l'auteur se retrempant à chaque poème dans sa propre jeunesse. S'il n'est pas si rare que cela de lire de la poésie engagée, même aujourd'hui, il l'est beaucoup plus de ne pas succomber à la morosité de l'ambiance, même en tant que lecteur.

Les illustrations non figuratives, qui sont des sortes de collages numériques, les couleurs employées, parfois vives, le papier glacé, les polices de caractères grasses, contribuent à donner à ces deux textes des allures de manifestes placardés et ajoutent à mon envie d'en connaître la suite.

Espérons que Marc Tison aura la possibilité de perpétuer ce projet de micro-édition.

Un petit extrait ci-dessous :

 

"Rassemble des

phrases serrées

en masse

 

Le Poing

crevassé levé

 

Se réchauffer

des obsessions

 

Cogner lourd le

silence

 

Et prendre

corps ensemble

 

Chair et sang"

 

Pour en savoir plus sur ces publications, contactez l'auteur : mtmgmt@orange.fr

"La fabrique de la féminité", de Jacques Lucchesi





Ce livre de Jacques Lucchesi est un recueil d'articles, que les dimensions apparentent, au moins pour les trois premiers, à des essais, ainsi qu'ils sont d'ailleurs appelés.

D'ailleurs, s'il est tentant de raccrocher le premier essai, "La fabrique de la féminité" - qui donne le titre au recueil - au troisième, intitulé "Féminisme et prostitution", en fait, même ces deux textes sont indépendants l'un de l'autre.

L'ensemble du livre traite ainsi successivement de la féminité, de la honte, des rapports entre féminisme et prostitution, du tourisme et des labyrinthes. Les deux derniers articles constituant plus des pistes, au sens propre du terme comme au sens figuré, je m'attacherai plus particulièrement à donner un aperçu des textes sur la féminité, sur la honte et sur les rapports entre féminisme et prostitution.

Ces trois essais constituent des mises à plat, très bien documentées. De plus, ils ont en commun de partir tous de la sexualité, plus soft ou plus hard. Il s'agit d'ailleurs de textes très raisonnés, ce qui ne signifie pas forcément raisonnables, mais dont le but est, me semble t-il, de remettre les fantasmes en perspective avec le bon sens commun.

Par exemple, si "la fabrique de la féminité" est un monde économiquement juteux, c'est également une nécessité peu ou prou reconnue de tous, et bien sûr, de toutes. De même, si la prostitution est scandaleuse quand elle constitue une exploitation de la femme par l'homme (et pourquoi pas l'inverse ?), une prostitution à visée plus sociale devrait être un droit, par exemple, pour les handicapés.

C'est le point de vue d'un homme, me direz-vous. Il se pourrait que cela soit également celui, peu médiatique, de la plupart des femmes ! A voir en tout cas...

Pour en savoir plus sur ce livre, vendu au prix de 14 €, contactez l'éditeur : http://www.edilivre.com/ ou l'auteur : jlucchesi13@gmail.com