mercredi 27 février 2013

"La meilleure cachette c'était nous", de Jean-Michel Robert

Le recueil "La meilleure cachette c'était nous", édité par les éditions Gros Textes, n'est pas un livre tout à fait comme les autres, puisqu'il regroupe plusieurs textes précédemment édités de Jean-Michel Robert, datant de 1982 à 1995.
L'auteur, né en 1956, a commencé à publier ses premiers recueils de poèmes au début des années 80, avec les encouragements d'Yves Martin. Souvenirs de toute une génération de poètes qu'il serait bon de rdécouvrir aujourd'hui (Christian Bachelin, Guy Chambelland, entre autres).
Ainsi, les poèmes de Jean-Michel Robert me rappellent ceux de Michel Merlen et même d'Alain Guillard. Ce sont des poèmes urbains, qui décrivent les nombreuses apparitions, féminines de préférence, ayant lieu dans une grande ville comme Paris. Ce sont aussi des souvenirs de jeunesse, voire d'enfance. Mais au contraire des deux auteurs précités, ces souvenirs ne sont pas forcément douloureux, il n'y a pas de révolte ni de conflit intérieur trop violent.
Jean-Michel Robert ne regrette pas l'évanouissement de ces moments charmeurs. Comme il l'explique plus loin dans "Un poil dans l'âme", il revendique un statut de fainéant qui le rend plus calme :

"Il n'est pas pour autant
pressé de mourir

Le sommeil
à de telles profondeurs
ne le tente pas encore

Nul n'est parfait"

Même si la dernière partie de "La meilleure cachette c'était nous" m'a paru plus méditative, l'âge venant et plus douloureuse aussi, ce qui m'a le plus intéressé dans ce recueil, c'est cette aptitude au raccourci des images. De ce point de vue, je ne pense pas qu'aucun poème de cette anthologie n'ait pas sa part de réussite. Alors, quand en plus il y a des restes de surréalisme dans tout cela, je vois déjà la vie en jaune, avec l'éclat du soleil. Par exemple, ce poème intitulé "Optimisme" :

"un jour il saura
où commence la bouche alors
il osera son visage
malgré les gestes
rongeant le bout des doigts
malgré les lièvres
éclatant sous ses pas

il y aura toujours des ongles dans le vent
des becs dans les miroirs
les murs battront du même sang

mais la fille assise
à la terrasse du café
ne pourra pas le reconnaître

c'est amusant
     dira-t-elle à son amie
regarde :
un désert qui rigole"


Pour vous procurer ce recueil de poèmes (10 €), vous pouvez contacter le blog des éditions Gros Textes : http://grostextes.over-blog.com/

vendredi 8 février 2013

"La clinique des exilés", d'Alain Minighetti


Voici le deuxième livre d'Alain Minighetti après "Agrippé à un âne", sorti l'année dernière.
D'emblée, c'est tout à fait le genre de textes poétiques avec lesquels je me sens à l'aise. Selon l'expression consacrée, ces poèmes me parlent.
Parce qu'à force de délires, ils explorent les voies du possible, que les gens comme les choses ne sont pas pris avec des pincettes, qu'il y a de la noirceur, que le désir sexuel n'est pas planqué, que ça parle de vie quotidienne, la nôtre, que des fois, à force d'exagérations, ça en devient presque marrant. Et que le héros, parce qu'il n'est pas un héros, y va à fond, dans ses pensées comme dans sa vie.
Le fait qu'Alain Minighetti vienne de la bande dessinée n'est pas complètement oublié ici. Ses poèmes racontent aussi des histoires, et c'est tant mieux, car ça décomplexe le genre...
Bref, la lecture du recueil finie, je n'ai pas eu l'impression d'avoir été immergé dans une moitié de monde.
Ce qui est précieux, c'est de découvrir également que cette poésie est plus poétique que bien des poésies. Je veux dire par là que lorsqu'il y a des vers, ce sont des vrais vers, pas des phrases découpées...
Je signale enfin que le livre contient une préface de Frédéric Perrot et une postface de Jacques Morin, l'un des animateurs de la revue de poésie Décharge.
Et maintenant, un ptit extrait de poème pour la route :

"Racoler, tapiner à la grande noce de la vie
Jouer son va-tout au cirque des putains
La souffrance à son paroxysme, les corps qui pourrissent
Impossible de coller à l'instant

Pressons ! Pressons ! ça va nécroser
La pluie du temps qui croise comme un tanker
Mutile les souvenirs et les espoirs
Au rebut lambeaux de chimères !"...

Pour vous procurer un exemplaire du recueil "La clinique des exilés", contact : http://www.facebook.com#!/alain.minighetti

Le prix du recueil est de 6 €, à vous procurer auprès de l'auteur, plus le port en écopli (1,10 €) ou par lettre "normale" (1,50 €).

lundi 4 février 2013

"Le cri des mères", de Cécile Guivarch



Les poèmes de Cécile Guivarch, regroupés sous le titre de "Le cri des mères", sont bâtis sur l'opposition existant entre la mise au monde d'un enfant il y a plus de deux siècles et ses premiers pas dans la vie d'aujourd'hui.
Cela va d'ailleurs plus loin, car comme le précise l'auteur sur une petite feuille volante, le prénom de sa fille, Zélie, est le même que celui de son arrière grand-mère de son arrière grand-mère de son arrière grand-mère...
Le but est ici de montrer les difficultés que rencontre une femme quand elle veut mettre au monde un enfant. Les naissances, si elles ne mettent plus en péril (quoique !...) la santé des mères, mettent toujours à l'épreuve leur inquiétude, comme un lointain réflexe de temps plus difficiles, au moins physiquement.
Si je ne suis pas très familier de ce genre de sujets (!), il me faut reconnaître le naturel du style de Cécile Guivarch, qui ne succombe pas aux sentiments trop faciles et ne complique pas ce qui est simple.
Ma préférence irait presque aux poèmes décrivant les naissances d'autrefois. Elles étaient (hélas) plus en contact avec la réalité des choses :

"elle la frictionne l'enveloppe
lui serre les langes autour du corps
ses bras ne bougeront plus
l'enserre dans une bulle plus serrée qu'utérine
l'attache sur son dos
s'essuie le sang sur les jambes entre les cuisses
prend sa faux repart aux champs finir son rang
pliée en deux le ventre vidé".

C'est bizarre parce que, malgré tant de vies brisées avant terme, je n'arrive pas à trouver ces textes pessimistes !...

Pour en savoir plus sur ce recueil, écrire à l'auteur terreaciel@yahoo.fr ou pour vous procurer ce texte (au prix de 3 €) contacter l'éditeur, Yves Perrine, 2 rue Moïse Bodhuin 02000 LAON.