dimanche 30 décembre 2012

"Passant l'été", de Jean-Baptiste Pédini


Avec ce recueil poétique intitulé "Passant l'été", Jean-Baptiste Pédini a obtenu le prix de la Vocation 2012, ce qui a permis à son texte de se voir publié par "Cheyne éditeur", l'un des éditeurs les plus connus de notre réseau.
Bon, ces précisions apportées, je quitte au plus vite l'histoire officielle de ce recueil qui pour moi n'est pas la plus importante, même si elle constitue un premier aboutissement pour ce jeune auteur, dont les textes ont été remarqués à plusieurs reprises et par plusieurs revuistes et éditeurs depuis quelques années déjà.
Alors, décrire l'écriture et les caractéristiques du style de Jean-Baptiste Pédini n'est pas si simple que cela, car il ne s'agit ici que de sensations, souvent visuelles d'ailleurs. Mais au lieu de m'y employer, je vais plutôt dire à quoi me fait penser "Passant l'été".
Tous les ans ou presque, l'été, je reviens dans le pays de mon enfance et retourne me baigner dans un étang dans lequel j'ai passé beaucoup de temps, étant adolescent. J'y suis allé à pied, en courant, à vélo et à chaque fois, je retrouve le passé qui redevient illico le présent, lorsque je recommence les mêmes gestes, attendant par exemple d'être sec sur la petite plage au bord de l'étang, dans la tranquillité d'un soir d'été.
Eh bien c'est exactement ce que décrit Jean-Baptiste Pédini dans son recueil. A part que les mêmes choses ne se passent plus près d'un étang, mais près de l'océan. Et d'ailleurs, ce n'est sans doute pas un hasard si le "on" est plutôt utilisé ici que le "je".
La valeur du texte de "Passant l'été" réside donc bien dans ce partage des sensations.

Un exemple choisi parmi tant d'autres : "Le jour décline. On sort de l'eau et on s'écroule brutalement sur les serviettes de lumière qui traînent là. Qui suivent la lente retraite du soleil. On voudrait le pousser d'un coup de pied aux fesses mais on découvre de petites algues sèches sur nos chevilles. Elles s'accrochent comme des sangsues improbables. Et pourtant on y croit. Aux étoiles échouées. A la prochaine veillée. Aux bouches qui fatiguent avec le crépuscule.
On y croit et plus personne n'ose bouger. La plage est constellée de cuisses blanches"

Alors là, s'il ne s'agit pas de vraies vacances, je ne sais plus ce que c'est, moi... D'ailleurs, dans ces vacances là, des absences aussi se devinent... 
A remarquer pour finir, la belle couleur d'orage du livre, si caractéristique.


Et pour en savoir plus, contact : jbpedini@gmail.com

dimanche 9 décembre 2012

"Étranges anges anglais", de Walter Ruhlmann



Le dernier volume en date de poèmes publié par Walter Ruhlmann (par ailleurs animateur du webzine "Mauvaise graine") regroupe trois recueils assez courts, successivement "La naissance des anges", "Deux anges sous la lune" et "Au sortir de la nuit".
L'enjeu de ces poèmes n'est pas la poésie en soi, mais constitue plutôt un hommage rétrospectif de l'auteur à l'un de ses inspirateurs, l'illustrateur Craig McCafferty, avec qui il a vécu une histoire d'amour entre 1995 et 1997, comme Walter Ruhlmann l'explique d'ailleurs dans la préface.
Ces poèmes entretiennent l’ambiguïté, que résume déjà le titre du livre : "Étranges anges anglais", qui joue avec les mots, tout en se moquant d'assonances difficiles à prononcer.
Il s'agit là de poèmes de jeunesse écrits pendant et après un amour de jeunesse. Ce qui transparaît donc, c'est la fragilité de cet amour, en même temps que l'incertitude stylistique des textes qui le raconte : succession de vers moins que plus rimés, formes classiques (sonnets), mélanges d'images qui nous parlent ou ne concernent au contraire que l'intimité des protagonistes. A cet égard, Walter Ruhlmann s'excuse par avance de ces imperfections ou incomplétudes.
Il n'empêche : au fil des pages, les images fortes apparaissent, notamment dans les proses que j'ai tendance à préférer aux poèmes à vers courts : "Toutes ces bouteilles d'eau vidées au-dessus des cendriers sont des réceptacles gris des rêves de l'hiver torturé", "J'ai tant vécu de nuits à ne savoir pourquoi j'avais abandonné les fleurs, les papillons et les églises sombres aux vitraux lumineux", "Tu tapes sur le système décimal à grand fracas de marteau..."
En fin de compte, le lecteur de ces pages ne peut que sentir la mise à nu de son auteur, cette fraîcheur d'inspiration, en perte de vitesse à l'âge adulte...
Et c'est là que réside la valeur de ces poèmes, dans leur honnêteté toujours naturelle. Dans la vie, il faut choisir, et curieusement, la plupart du temps, les poètes préfèrent la pureté de leurs poèmes à celle de leurs sentiments. Eh bien là non, pour une fois...

Pour en savoir plus, écrivez à l'adresse mail suivante : mgv2publishing@gmail.com